« Dans l’un des plus romantiques quartiers de Paris, où chaque porte cochère dissimule un jardin et des tonnelles, un bal oriental s’est installé. Un véritable bal nègre où tout est nègre, les musiciens comme les danseurs : et où l’on peut passer, le samedi et le dimanche une soirée très loin de l’atmosphère parisienne parmi les pétulantes Martiniquaises et les rêveuses Guadeloupéennes. C’est au 33 de la rue Blomet » écrivait le poète surréaliste Robert Desnos.
C’était les années folles, celles qui voyaient se croiser les affolantes Joséphine Baker, Kiki de Montparnasse et Mistinguett, et qu’ont immortalisé dans leurs œuvres Hemingway, Henry Miller ou encore Francis Scott Fitzgerald… Dans une ambiance débridée restituée par le film de Woody Allen Midnight in Paris, les peintres, écrivains et musiciens venaient ici s’encanailler sur des airs de jazz, rejoints quelques années plus tard par les existentialistes : Simone de Beauvoir, Sartre, Albert Camus et leur amie Juliette Gréco… Puis le lieu avait sombré dans l’oubli.
C’est toujours réjouissant d’assister à la renaissance d’un lieu mythique, comme le cinéma Le Louxor il y a quatre ans. C’est pourquoi, quand nous avons appris la réouverture du Bal nègre sous le nom de « Bal Blomet », nous avons voulu y passer une soirée en amoureux, pour voir si l’âme du swing y planait toujours.
Première bonne surprise, il est possible de dîner sur place, car ce lieu « deux en un » propose également un restaurant, La Table du bal, avec deux salles (préférez celle, plus cosy, à l’étage). Deuxième bonne surprise, on y mange très bien : burrata crémeuse à souhait et épaule d’agneau fondante ont séduit nos papilles, mais pour ceux qui veulent dîner rapidement (avant 21h), l’assiette « Cabaret » avec plein de petites choses plus un dessert, pour 20 euros, est aussi tentante.L’alliance restaurant et salle de concert est bien pratique pour pouvoir passer toute une soirée dans un même lieu, on regrette juste de devoir ressortir et faire la queue pour le spectacle (le système de placement libre exigeant d’attendre au moins une demi-heure à l’avance à la porte). Il faudrait permettre un accès plus direct à la salle pour les clients du restaurant.
Troisième bonne surprise, la belle salle de concert, avec son grand mur de brique apparentes, son superbe piano à queue et ses petites tables (où l’on peut aussi prendre un verre et grignoter). Vous avez le choix entre le rez-de-chaussée et la mezzanine comme un balcon sur la scène, mais a priori on voit bien de partout.Enfin, dernière surprise et non des moindres, le spectacle, ce soir-là Le Cabaret extraordinaire, une revue loufoque et décalée avec musiciens, chanteurs, jongleur et une meneuse de revue, Maria Dolores, désopilante. Nous y avons également découvert Yanowski, auteur-chanteur-compositeur qui créé son propre univers, entre tango et mélodies slaves, très théâtral, porté par une voix chaude et profonde. Artiste résident au Bal de la rue Blomet, Yanowski donne d’ailleurs un autre spectacle, La Passe interdite, que nous reviendrons sans doute voir.Cette renaissance est donc une réussite, et nous avons hâte de revenir pour les soirées jazz (car rien de tel qu’un concert de jazz en amoureux !), en espérant qu’on y dansera un peu aussi, pour renouer avec la tradition du Bal Nègre !
Bal de la rue Blomet, 33 rue Blomet, 75015 Paris (cliquez pour découvrir l’histoire palpitante et mouvementée du lieu).