Le plus célèbre photographe d’amoureux à Paris est sans doute Robert Doisneau, celui dont Prévert disait : « c’est toujours à l’imparfait de l’objectif qu’il conjugue le verbe photographier ».
DOISNEAU Le baiser de l’Hôtel de ville, 1950
Et la plus célèbre des photos de Doisneau est bien sûr le Baiser de l’Hôtel de ville, qui a suscité toute une polémique, et même un procès, le photographe étant accusé d’avoir mis en scène et payé les figurants, ou au contraire d’avoir « volé » une photo sans leur consentement. Réalisé pour le magazine américain Life, il témoigne surtout de l’euphorie de la Libération.
DOISNEAU Le baiser du Pont Neuf, 1950
Moins connu que celui de l’Hôtel de ville, le Baiser du Pont Neuf est assez insolite, avec la voisine du couple, assistant, indifférente (ou envieuse ?) à la scène intime.
DOISNEAU Le baiser Blottot, 1950
Encore une photo qu’on pourrait accuser d’être « trafiquée », pourtant, la scène a vraiment eu lieu, comme le racontent les filles du photographe : « Doisneau passe place du marché St Honoré et voit passer un petit livreur ; une fille sort de son triporteur et l’embrasse. Il trouve la scène formidable et demande au type de recommencer. Ils se sont amusés comme des fous !».
DOISNEAU Le baiser de l’Opéra, 1950
Quelque soit l’endroit, même dans la foule, quand ils s’embrassent, les amoureux sont seuls au monde…
DOISNEAU Les amoureux aux poireaux, 1950
On aime dans cette photo la spontanéité du baiser, pas glamour, ancré dans la vie quotidienne avec cette botte de poireaux et ce petit bouquet de jonquille…
Brassaï Couple d’amoureux dans un petit café, quartier Italie , 1932
Brassaï, le photographe de la vie nocturne («C’est pour saisir la beauté des rues, des jardins, dans la pluie et le brouillard, c’est pour saisir la nuit de Paris que je suis devenu photographe (…) la nuit suggère, elle ne montre pas. La nuit nous trouble et nous surprend par son étrangeté ; elle libère des forces en nous qui, le jour, sont dominées par la raison » écrivait-il) surprend ici un homme en pleine séduction. Cette photo a inspiré l’écrivain Patrick Modiano, qui, dans le livre Paris tendresse, a brodé toute une histoire autour d’elle, s’imaginant y reconnaître son père et sa mère.
Willy Ronis Les amoureux de la Bastille, Paris, 1957
Le photographe a raconté, dans son livre Ce jour-là, l’histoire de ses clichés les plus célèbres. Voici ce qu’il écrit au sujet des Amoureux de la Bastille :
« Je me souviens que j’étais monté tout en haut de la Colonne parce que la lumière était particulièrement belle, une lumière d’hiver, de janvier, très blanche. J’avais été guidé par elle, comme souvent, et c’est là que j’ai fait une de mes plus belles photos, qui a fait le tour du monde. J’aimais monter tout en haut de la colonne, j’y venais souvent, Paris était si beau, vu de ce point. J’étais seul, je faisais une série de photos et je m’apprêtais à rentrer chez moi. C’est là que j’ai vu ce couple, de dos, qui regardait le panorama. Je les ai photographiés juste au moment où le garçon posait un baiser sur le front de sa compagne. Très délicatement. Je pensais que c’était un couple d’étrangers jusqu’au jour où, en 1988, j’ai appris, qu’ils tenaient un café-tabac, de l’autre côté de la colonne, et qu’ils avaient encadré le poster dans leur bistrot ».
Les Amoureux du Pont des Arts, 1957
Willy Ronis se souvient encore : « Ce jour-là, c’était le début du printemps, les feuilles étaient encore toutes petites et je me promenais au bord de la Seine, j’avais toujours grand plaisir à marcher sur les quais, avec mon appareil. (…) Je remarque une barque arrêtée et dans cette barque, je surprends un couple assis, curieusement installé. Je fais deux photos. Une première photo, où le garçon n’embrasse pas encore la fille mais se prépare à l’embrasser : c’est ce moment que j’avais envie de capter, cette espèce de suspens, on se dit que peut-être elle ne va pas accepter son baiser, on se dit oui non, oui non ? Et la deuxième photo, je l’ai faite au moment où ils s’embrassent vraiment. Mais c’est celle qui précède le baiser qui me plaît davantage, avec ce geste très fragile juste avant l’acquiescement ».
René Maltête Jardin du Luxembourg , 1950
Moins connu que les précédents, photographe vagabond, poète, humoriste, René Maltête avait le talent de piéger avec son objectif des situations insolites. Sur cette photo, un nouveau témoin surveille jalousement les amoureux, mais un témoin d’un genre spécial…
Et vous, quelle est votre préférée ?