D’Anaïs Nin à Henry Miller (XXe siècle)
Une correspondance passionnée relie pendant 20 ans les deux écrivains, si différents dans leurs styles, et pourtant si proches dans leur amour de la vie ! Leurs lettres, fiévreuses dans les premiers temps de leur histoire, reflètent aussi leur exceptionnelle entente physique :
Oh ! Henry, ta lettre de ce matin m’a tellement remuée. Quand on me l’a donnée, je me suis sentie submergée par tous mes sentiments artificiellement refoulés. Le simple contact de ta lettre me provoquait la même émotion que lorsque tu m’avais prise tout entière dans tes bras. Tu devines alors ce que j’ai éprouvé en la lisant. Tu as trouvé tous les mots qu’il fallait pour me toucher et me conquérir et j’étais mouillée, et tellement impatiente que je vais tout faire pour gagner un jour. Je t’appartiens. Nous allons vivre une semaine comme nous n’en avons jamais rêvé. «Le thermomètre va exploser.» Je veux sentir encore le martèlement violent au fond de moi, sentir le sang brûlant courir plus vite dans les veines, sentir le rythme lent, caressant, et puis soudain les coups violents, sentir l’excitation pendant les arrêts, quand j’entends des bruits de gouttes d’eau… et te sentir palpiter dans ma bouche, Henry. Oh ! Henry, je ne supporte pas de t’écrire – je te veux, comme une folle. Je veux écarter tout grand les jambes, je fonds, je tremble. Je veux faire des choses tellement folles avec toi que je ne trouve pas les mots pour en parler.
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