Bien sûr, on connaît l’histoire par cœur, on l’a vue et revue, au cinéma et au théâtre, et même en comédie musicale… Mais rien à faire, quand notre metteur en scène préféré s’attelle au chef d’œuvre de Shakespeare, Roméo et Juliette, on y fonce sans se poser de questions.
Et bien nous en a pris, car sa mise en scène renouvelle notre regard sur cette histoire tragique. D’abord parce que les deux héros, incarnés par Anna Girardot et Niels Schneider, apportent leur jeunesse et leur fraîcheur au texte qui peut paraître parfois un peu « daté » et précieux mais qui, dans leur bouche, retrouve sa signification première… Celle des premiers emportements du désir à la seule vue d’un beau jeune homme ou d’une belle jeune fille, de l’impatience qui torture les amants, de la passion de leurs retrouvailles…
La scène de leur rencontre lors du bal chez les Capulet l’illustre parfaitement, le coup de foudre qui donne l’impression que tout s’arrête autour, le premier baiser (« rends-moi mon péché »), mais déjà aussi la séparation forcée…
Nicolas Briançon a transposé l’histoire dans l’Italie des années 1940 et il faut dire que c’est bien vu, ces deux familles rivales étant en effet bien proches des maffiosi siciliens. Le petit orchestre qui joue sur scène complète parfaitement l’ambiance. Mention spéciale pour les seconds rôles, formidable Valérie Mairesse en nourrice et Bernard Malaka en Frère Laurent.
Une belle soirée donc, même si on aimerait que d’autres pièces, moins souvent jouées, aient à leur tour les honneurs de notre chouchou Briançon (Beaucoup de bruit pour rien, par exemple ?). A noter : la salle ce samedi soir était pleine de jeunes couples d’amoureux mignons comme tout, et la scène du baiser avait lieu autant sur scène que dans les loges !
Roméo et Juliette de Shakespeare, mise en scène de Nicolas Briançon
Théâtre de la Porte Saint-Martin
Du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 15h